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La bataille de Sidi-Brahim
4 décembre 2013

Souvenirs du clairon Rolland

 

(Octobre -novembre 1903.)

 

Archives du lieutenant Paul Azan (copie)

 (Réponse à une demande de renseignements sur le combat de Sidi-Brahim)

 

Lacalm, le 20 octobre 1903

 

Bien cher Monsieur,

 

 Je n'ai pas oublié la belle réception qui nous fut faite au cercle militaire d'Oran, et où j'ai eu le plaisir de causer longuement avec vous des affaires militaires d'Afrique, et de Sidi-Brahim en particulier.

. Nous sommes arrivés sur les lieux du combat avec le commandant Froment-Coste, pour renforcer les compagnies engagés. A ce moment , la fusillade cessait et ont voyait bien que les compagnies engagés étaient défaites. On nous fit, alors, descendre dans un ravin, qui se trouvait à notre gauche pour delà gagner une position favorable et reprendre la bataille. Mais avant de parvenir à la position désirée, nous fûmes arrêtés par la cavalerie arabe. Nous nous fixâmes alors sur un mamelon inférieur , une sorte de dos d'âne , mais envahis de toutes parts par le flot montant des cavaliers arabes. Le commandant Froment -Coste .fit former le carré. A peine était -il formé, que le commandant tomba entre moi et le sergent Saint-Martin. Il venait d'être foudroyé par une balle au front. Nous le relevâmes à l'instant, mais il était mort. Nous continuâmes le combat tout en cherchant une meilleure position de bataille, mais il fallut de nouveau former le carré vers l'extrémité du dos d'âne. Comme nous changions de position, le capitaine d'Arbois (1) tombe transpercé d'une balle au ventre. Nous formons une troisième fois le carré, autour du capitaine de notre compagnie (2) mais il était blessés à mort. C'est alors que le commandement tomba aux mains de l'adjudant Thomas, et, à ce moment de désarroi, le sergent de Saint-Martin s'écria : « A la baönette , mes garçons !... » Usant aussitôt de cette arme , nous fimes reculer la cavalerie ennemie de 50 à 60 mètres. Nous n'étions plus à ce moment que douze à quinze hommes pour nous battre. Aussitôt apparurent les fanions d'Abd el Kader, encourageant la cavalerie qui nous cerna de plus près. C'est alors que n'ayant pas le temps de tirer la baguette du fusil. J'ai envoyé le tout à l'ennemi. Nous étions écrasés par le nombre et bientôt piétinés par les chevaux, qui qui fondirent sur nous de toutes parts.

Dès qu'ils m'ont fait prisonnier, je fut conduit avec mon clairon près d'Abd el Kader, où je suisresté tout le temps, jusqu'au moment où il fut blessé légèrement à l'oreille gauche et je n'ai pas vu le capitaine Dutertre. C'est un moment avant d'être blessé qu'Abd el Kader m'avait fait dire par un interprète de sonner la retraite et que je sonnai la charge. Quand il eut reçu cette blessure, les chefs arabes le prirent plus loin et je ne le revis que le lendemain, quand on nous fit compter les têtes de nos camarades.

Je me rappelle qu'Abd el Kader était sous un olivier solitaire à 6 ou 700 mètres du marabout, que nous voyions très bien, car nous dominions la position de ce dernier.

Pour Dutertre, s'il était escorté et s'il est revenu, je ne l'ai point revu du tout.

                                                                                                          Rolland 

 

(1) Erreur de nom, comme l'à écrit Roland dans une lettre postérieure , C'est probablement de Du tertre qu'il s'agit.

(2) Burgard

(3) Ainsi donc, contrairement au récit arabe, c'est bien pendant qu'il se trouvait près du marabout

qu'Abd el Kader fut blessé à l'oreille gauche, et non pendant le combat.

Toujours lui, avec son clairon

 

 Le Clairon Rolland au lieutenant Paul Azan (Extrait)

 

Lacalm, le 11 novembre 1903

 

 Cher Monsieur,

 

. Pendant le combat livré par Montagnac, nous étions au camp avec le capitaine de Géreaux et ce qui restait des carabiniers, non encore engagés. Nous entendions la fusillade, mais nous ne pouvions voir le combat. Alors je montai sur un mamelon avec le sergent clairon Saint-Martin, et le commendant Froment-Coste. Ce dernier nous dit que le colonel Montagnac était très engagé et qu'il fallait, vite aller à son secours. A peine étions nous en marche, que le maréchal des logis Barbut, envoyé par Montagnac, nous rencontra en route. A moitié chemin, le commandant Froment-Coste nous dit de tirer sur les cavaliers arabes qui poursuivaient un soldat. C'était un hussard, nommé Maetz, qui arriva à la compagnie et fut félicité par nos chefs.

Nous étions campés près d'un petit ruisseau , dont j'ignore le nom ; le camp était formé et les mulets déchargés.

Les chasseurs déjà partis et nous aussi, n'avions pas de sacs ; ils étaient au camp.

Tels sont les quelques détails dont j'ai bien conservé le souvenir.

 

Daignez agréer, avec mes remerciements, mes meilleurs hommages.

 

 

Rolland

 

____________

 

 

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