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La bataille de Sidi-Brahim
24 novembre 2013

Récit de Jean Florentin Désiré TRESSY :

     Jean Tressy, caporal carabinier, resta comme beaucoup de ses camarades, impressionné. En septembre 1892, Tressy disait à un des ses compatriotes à Chilleurs-Aux-Bois : « Pour moi, durant quinze ans, à peu près toutes les nuits, je reproduisais quelques uns des épisodes de ce terrible combat, et Aujourd’hui, après quarante-sept ans, le souvenir m’en reste aussi présent que le premier jour. »

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     Jean né le 30 novembre 1819 à Chilleurs-aux-Bois (Loiret) fils d’Antoine TRESSY et de Marie Rosalie Jahier.

     Jean TRESSY était charretier à Sigloy (Loiret) avant d’être appelé comme jeune soldat au 67e régiment d’infanterie de ligne le 12 octobre 1840. Peu de temps après, Jean TRESSY est muté au 8ème bataillon de chasseurs à pied, qui devenait bataillon de chasseurs d’Orléans en 1842, suite à la mort de leur fondateur, le prince royal Ferdinand Philippe duc d’Orléans.

     Devant la reprise des escarmouches entre l’armée d’Abd-El-Kader et la nôtre, la France créait de nouvelles troupes et les m’étaient sous les ordres du général BUGEAUD, devenant ainsi, gouverneur général de l’Algérie en 1840.

     Au mois de mai 1841, mais auparavant devait avoir lieu à Paris, la cérémonie de la remise aux bataillons du drapeau des chasseurs. Il avait en effet été décidé qu’il n’y aurait qu’un drapeau pour l’ensemble des dix premiers bataillons, et que celui-ci resterait à Vincennes.

     Le 8e Bataillon faisait partie de cette expédition ; il partit de Paris avec le 5e pour la province d’Oran le 12 mai 1841 (les 3e 6e Bataillons suivis de près par le 10e étaient destinés à la province d’Alger.

     Voilà Jean TRESSY avec ses camarades du 8e bataillon, lancé dans la conquête de l’Algérie. On le retrouve dans le combat de la Sikak (21 mars 1842). L’année 1843 s’écoula entre les périodes de repos dans le quartier de Tlemcen et des expéditions contre les tribus dissidentes de la frontière marocaine. Au printemps 1844, le bataillon prend part aux fortifications à lalla-Marinia, camp retranché créé par le général Lamoricière La première grande affaire à la laquelle participa TRESSY fut la bataille de l’Isly, du 12 août 1844, où Bugeaud eut sur les bras les forces réunies d’Abd-el-Kader et de l’empereur du Maroc et les mit en déroute.

     En 1845, l’activité du 8e s’était limitée, durant l’hiver et le printemps à la répression de quelques insurrections et à des travaux de fortifications à Sebdou. Le 10 août, il alla prendre ses quartiers à Djemaa-Ghazaouet (petit port de mer) où, réuni à un escadron du 2e hussards, il passa sous le commandement du lieutenant-colonel de Montagnac.

     Nous somme à moins de deux mois de la bataille de Sidi-Brahim.

     Pour bien permettre de saisir dans ses origines et ses développements le drame de Sidi-Brahim, il importe de rappeler sommairement la situation de l’Algérie et, plus particulièrement, celle de la province d’Oran à l’entrée de l’automne de l’année 1845.

     Sur le plan général, un traité avec le Maroc avait été signé et venait d’être promulgué (18 mars-23 août 1845). Aux termes de ce traité, Abd El Kader, réfugié au Maroc, ne devait plus bénéficier du droit d’asile sur le territoire chérifien, mais la clause ne fut jamais respectée. « L’Emir, écrivait Bugeaud, y fait ce qu’il veut et y reçoit toute espèce de secours ; des cavaliers marocains, mêlés aux siens, viennent faire des courses sur notre territoire», Abd El Kader avait reconstitué une deïra, sorte de smala, aux proportions plus réduites, qui se tient habituellement sur les bords de la Moulouïa, à proximité de la frontière algérienne.

     En Algérie, et notamment dans la province d’Oran, les tribus soumises sont exposées à la pression de l’Emir et aux vengeances et exactions de ses partisans. Quelques tribus des environs donnent des gages à l’Emir, ou même se rangent ouvertement à ses côtés. «  En présence d’une situation aussi tendue, il était urgent de prendre des mesures pour éviter une insurrection ». Pour surveiller les agissements d’Abd El Kader et faire échec à ses tentatives, quelques postes avaient été installés à proximité de la frontière et notamment à Djemmaa-Ghazaouet, au bort de la mer (aujourd’hui le petit port de Nemours) et Lalla-Maghrnia (aujourd’hui Marnia) à une trentaine de kilomètres vers le Sud, sensiblement à mi-chemin entre Djemmaa et la localité marocaine d’Oudjda. Le poste de Djemmaa était placé sous les ordres du lieutenant-colonel de Montagnac, celui de Maghrnia était commandé par le lieutenant colonel de Barral.

    N’attendant pas les ordres de son supérieur, le général Cavaignac, dans la nuit du 21 au 22 septembre, par une nuit sans lune, il quitta Djemmaa-Ghazaouet avec tout ce qu’il avait d’hommes valides dans sa garnison.

     « L’ensemble des événements que l’on désigne généralement sous le nom de combat de Sidi-Brahim, comprend en réalité deux épisodes bien distincts, légèrement décalés dans le temps et dans l’espace ; celui du Kerkour (23 septembre au matin) auquel Jean TRESSY ne participera car seul 3 compagnies du 8e (3e, 6e, et 7e) étaient partis avec de Montagnac, le commandant du bataillon, Froment-Coste, resta au bivouac avec la 2e Cie (Capitaine Burgart) et la compagnie de carabiniers (8e Cie : capitaine de Géreaux) auquel Jean TRESSY appartient ».

     Nous connaissons la suite, le massacre de ses trois compagnies et celle du 2e escadron du 2e Hussards. Puis c’est au tour de la 2e Compagnie qu’avait emmené Froment-Coste de subir le même sort, la 8e (celle des carabiniers étaient restés au bivouac à la garde des Bagages.

     Sur le champ de bataille le mot est : « Ils sont tous morts… Tout est fini. »

    Tout est fini en effet, les quartes compagnies du 8e d’Orléans sont anéanties après une résistance acharnée. Le chef de bataillon Froment-Coste est tué, La plupart des Chasseurs sont tués, quelques-uns blessés, sont emmenés prisonniers après avoir été dépouillés de leurs vêtements.

     Du 8e d’Orléans, un seul élément subsiste : les carabiniers, ils sont au bivouac environ quatre-vingts. Parmi eux, un médecin : Rosaguti, l’interprète Levy, et un jeune chasseur qui fera parler de lui dans l’après midi : le caporal Lavayssière. A la fin de la matinée du 23 septembre, toute résistance ayant cessé dans le Kerkour.

      « 2e épisode des combats de Sidi-Brahim ». A la fin de la matinée (23 septembre), toute résistance ayant cessé au Kerkour, les premiers cavaliers arabes font irruption vers le camp des carabiniers. Le capitaine de Géreaux se rend parfaitement compte de l’impuissance de sa petite troupe à se défendre en terrain plat devant un ennemi plus de vingt fois supérieur en nombre. Aussi, après avoir fait rassembler l’essentiel des bagages dont il a la garde, il donne l’ordre de se replier vers le Marabout de Sidi-Brahim. Les épisodes suivant sont connus maintenant de tous, la pose d’éléments formant le drapeau Français (cravate bleu du caporal Lavayssière, de la ceinture de Chappedelaine et du mouchoir blanc de Tressy), les trois tentatives de demande de redditions, la mort du capitaine Dutertre, l’ordre donnée à Rolland de sonné la retraite, il sonna la charge etc. Devant un tel acharnement à défendre et reconnaissant son impuissance à faire fléchir les carabiniers, Abd el Kader s’en est allé, laissant un effectif suffisant au blocus du Marabout.

     Une idée naît dans l’esprit et, peu à peu, prend corps. Djemmaa-Ghazaouet n’est qu’à une dizaine de kilomètres. Pourquoi ne pas tenter une sortie et essayer de se frayer un chemin jusqu’au poste. Les Arabes ayant relâchés leur surveillance, qu’au matin du 26, de Géreaux et sa petite troupe sorte du Marabout, surpris, les guetteurs donnent l’alerte. Les Arabes se précipitent, mais poussés par leur instinct de pillards, ils se dirigent d’abord vers les bagages. Cet incident accorde un délai assez long qu’ils mettent à profit de leur mieux. Plus de la moitié du trajet est accomplie, l’espoir renait, notre ami carabinier Jean TRESSY est toujours parmi ces rescapés. Le combat n’était pas encore fini pour eux, Un carré, puis deux, puis trois avaient été formés, encore des tués, le capitaine de Géreaux, le lieutenant de Chappedelaine, Rosaguti et l’interprète Levy sont fait prisonnier. On se bat à la baïonnette pour écarter les plus entreprenants. « Dès lors, chacun pour soi, racontait plus tard le carabinier TRESSY, et en avant dans la masse profonde des Arabes qui nous poussent de toutes parts. La baïonnette française décrit toutes les arabesques de l’escrime, en moulinet continuel, on ne voyait que des yeux flamboyants de colère, dents de fauves se disputant une proie, faces de démons incarnant la haine, bras tendus, mains crispés, armés de toutes sortes, cherchant par tous les moyens à nous atteindre et à nous donner la mort. On entendait que des vociférations et hurlement ; c’était un vacarme effrayant, une mêlée terrible »

     Il ne reste plus maintenant que quelques hommes, seul un miracle peut sauver cette poignée d’héroïques carabiniers, et il se produisit. D’un observatoire de Djemmaa, on suivait depuis quelques instants déjà les péripéties du combat, sans d’ailleurs se rendre compte de quoi il s’agissait. Cependant, quand la masse des indigènes s’approche de la localité, sur l’initiative d’un sous-officier, trois coups de canon sont tirés du poste avec un rare bonheur. Les Arabes se sont enfuient emmenant avec eux quelques prisonniers. Les survivants pouvaient alors s’approcher du poste où ils avaient d’abord du mal à se faire reconnaître. Ils n’étaient qu’une quinzaine dont le carabinier Jean TRESSY.

     Ramener dans son pays natal, et après avoir été honoré, il repose dans le cimetière de Chilleurs-aux-Bois. Septembre 1999, une cérémonie commémorative a été organisée à l’occasion du 5oe anniversaire de la création de l’amicale des sections « Sidi-Brahim du Loiret », a connu cette année un temps fort.

En effet, cette cérémonie a été marquée par l’inauguration de la nouvelle stèle érigée en mémoire de l’enfant du pays. Assistaient à cette cérémonie : le général Verlot, Président de la fédération nationale des amicales de chasseurs, M. Charrier député, le représentant de L’ONAC du Loiret, le président des amicales de chasseurs du Loiret et de la région centre, La musique départementale des sapeurs pompiers rehaussait cette grande journée.

 

 

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Commentaires
H
Jean Tressy avait raconté son aventure à ses collègues.<br /> <br /> Ce récit nous était parvenu, et lors de l'inauguration de la stèle, offerte par les amicales du Loiret, c'est Monsieur Henri Gruet ancien sergent au 8è bataillon, et président de l'amicale de Loir et Cher, qui eu l'honneur de lire ce récit historique..
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