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La bataille de Sidi-Brahim
13 novembre 2013

Le capitaine Dutertre

    Le capitaine adjudant-major du 8e bataillon était le capitaine Louis-Laurent-Charles-François- Hippolyte Dutertre, d'après son acte de naissance ; son père est désigné, dans cette pièce officielle, sous le nom de « DUTERTRE , rentier, capitaine de la garde nationale à Calais » mais il signait chevalier du Tertre, et le capitaine signait lui aussi du Tertre, qui est la véritable orthographe du nom.

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Issu d'une vieille famille d'officiers, il était né en 1807 a Coulogne , dans le canton de Boulogne-sur-Mer. Fils aîné d'une nombreuse famille, il avait suivi la carrière de son père, et était entré à Saint-Cyr en 1824. Sous-lieutenant en 1826, lieutenant en 1831, capitaine en 1838. il avait demandé à faire partie des chasseurs à pied lors de leur création, et avait été affecté au 8e bataillon eu octobre 1840. En mai 1841, il prenait les fonctions d'adjudant-major a la place du capitaine de Géreaux, qui demandait à commandait une compagnie. Dutertre était grand, maigre, et avait une allure énergique ; il était myope et obligé de porter des lunettes.

Dutertre était ambitieux, mais son ambition saine et honnête inspirée par les plus nobles sentiments : il avait à cœur de venir en aide à sa famille, dont la situation n'était pas très aisée, et il désirait pouvoir diriger dans la vie une sœur beaucoup plus jeune que lui, pour lequelle il éprouvait une grande affection. C'est à elle qu'il confiait tous ses espoirs, tous ses désirs, dans le couvent de Boulogne où elle était élève ; ses lettres respirent d'une telle droiture, une telle franchise, une telle bonté qu'elles sont émouvantes à lire ; elles révèlent un soldat loyal et un grand cœur.

Cité à l'ordre de l'armée pour sa belle conduite à la bataille de l'Isly, le 14 août 1844, il fut de nouveau proposé pour la prise en fonction de chef de bataillon ; Tout le monde connaît la suite et sa mort atroce dans la bataille de Sidi-Brahim.

 La mort du capitaine Dutertre, toutes, enquêtes et preuves.

 

Dès les jours qui suivirent le combat de Sidi-Brahim, ,la mort héroïque du capitaine Dutertre fut discutée. Il y a lieu d'examiner les différente versions qui en furent données, et de déterminer celle à accepter comme vrai.

Le 24 septembre au matin, lors du départ de Montagnac pour le Kerkour, Dutertre était resté au camp, avec les deux compagnies chargées de la garde des bagages ; il partit avec le commandant Froment-Coste et la compagnie Burgard au secours des défenseurs du mamelon, lorsque déjà la résistance de ces braves touchait à sa fin. Bientôt le petit détachement voyant que tout était fini du côté du Kerkour, se décida à battre en retraite vers le camp, et c'est à ce moment qu'il fut enveloppé par les Arabes. Froment-Coste tomba le premier, frappé d'une balle à la tête, et Dutertre pris alors le commandement ; il fut bientôt atteint à son tour, d'une balle à la tête et d'une au ventre, et tomba sans connaissance pendant que le capitaine Burgard, mortellement blessé, expirait non loin de lui. Les chasseurs n'avaient plus d'autres chefs que Thomas et Barbut, et ils luttèrent jusqu'à ce que, accablés par le nombre, ils fussent tous morts ou prisonniers ; on comprend qu'en pareil moment les derniers combattants de la compagnie Burgard n'aient pas eu le loisir de vérifier si Dutertre respirait encore ; tous ou presque tous le crurent mort, Thomas et Barbut en particulier.

Dutertre n'était qu'évanoui. A son uniforme, les Arabes reconnurent en lui un chef ; ils le relevèrent et le gardèrent comme prisonnier. Courby de Cognord, Testard et les autres survivants ont racontés la manière dont ont été fait les prisonniers: chaque régulier de l’Émir ou chaque Kabyle emmenait son homme, le dépouillait, et allait le mettre le tout en sécurité. Ce fut ce qui se passa certainement pour Dutertre ; on lui enleva sa tunique et on l’emmena à quelque distance du champ de bataille. Les prisonniers ne furent réunis que dans la soirée, assez tard, au bivouac d'Ab el Kader ; jusque-là ils restèrent disséminés dans les douars et dans les villages autour du champ de bataille. Il se peut fort bien qu'un petit nombre d'entre eux seulement ait vu Dutertre, qui fut mis à mort dès le début de l'après-midi, et qui resta donc fort peu de temps entre les mains de ses vainqueurs.

Voilà les raisons qui expliquent comment la légende de la mort de Dutertre sur le champ de bataille s'accrédita parmi les prisonniers ; aussi Courby de Cognord, s'en rapportant au témoignage de Thomas, de Barbut et des quelques hommes appartenant à la compagnie Burgard, qui avaient vu tomber leur capitaine adjudant-major, et qui ne le retrouvèrent pas au nombre des prisonniers, écrivait-il dans ses lettres et dans ses Mémoires que Dutertre était mort sur le champ de bataille. Enfin, comme les prisonniers furent tous massacrés au Maroc en 1846, sauf les officiers et quelques chasseurs (dont Rolland), une enquête approfondie auprès d'eux ne put jamais être faite. Au milieu de tant de souffrances, de tant de dévouements, de tant d'actes héroïques dont ils avaient été témoins, l'acte de Dutertre n'apparaissait, d'ailleurs, à ceux qui en avaient connaissance, que comme un épisode insignifiant d'un drame grandiose.

Mais d'autres témoins pouvaient donner sur le héros de précieuses indications ; les quatorze survivants qui avaient résisté dans le marabout avaient, ceux-là, pu constater de visu le dévouement de leur capitaine adjudant-major. Voilà véritablement les seuls auxquels on devait s'adresser pour savoir si Dutertre était bien venu sommer les carabiniers de se rendre, et s'il était mort de la façon dont on le prétendait. Or, ces hommes sont précis sur ce point, dans les récit qu'ils ont laissés.

Ce n'est pas par hasard que le brave Antoine, dans son mémoire jauni par le temps, resté aux mains de sa veuve dans un village perdu du Jura, écrivait :  « Dutertre criat qui fallait mieux mourir que de ce livrer entre les mains des bourreaux »; et un peu plus loin , pour punir les paroles de Dutertre, Abd el Kader lui fit trancher la tête, ces yeux et sa bouche ensanglanté fut élevé de nos côtés par un Kabyle qui raillait le courage de nos Français (récit d'Antoine)

Le carabinier Tressy n'est pas moins affirmatif : « Alors a lieu une scène que je n'oublierai jamais de ma vie : en face de nous arrive le capitaine Dutertre ; il est très pâle, il n'a que son pantalon ; sa chemise est en lambeaux ; il est conduit par six Arabes et s'arrête à cinquante mètres du mur où je me trouve, (Récit de Tressy). Tressy à donc vu Dutertre de ses propres yeux ; il n'a pas entendu ses paroles, mais il raconte que les Arabes lui ont tiré deux coups de pistolet à bout portant et l'on entraîné vers le ravin. C'est là que le capitaine a dû être décapité comme tous les autres morts.

Lavayssière lui même , dans une lettre écrite le 25 août 1846 au père de Dutertre lui donne des détails précis :  « Le capitaine du Tertre est venu à deux cent mètres des murailles où nous étions, nous l'avons reconnu.

Il n'y a donc pas de doute possible, et d'ailleurs les premiers récits des hommes revenus du marabout concordaient sur ce point. Ce fut plus tard, lorsqu'on leur eut dit que le commandant Courby de Cognord affirmait dans son rapport une autre version, que les soldats survivants n'osèrent plus contredire, un chef qui devait être le mieux informés. Cet incident rapide, au milieu de la journée sanglante, parmi les vociférations et la fusillade, n'était-il pas une vision de leur imagination exaltée ? Cependant, tous ceux qui avaient vu, sauf peut-être Lavayssière, dont le récit a variè bien des fois, ont affirmé énergiquement la mort héroïque de Dutertre devant la Koubba de Sidi-Brahim. Le clairon Michel, après avoir raconté l’événement dans des termes analogues à ceux d'Antoine, écrivait :  « Tous les détails peuvent être affirmés par Lavayssière, Langevin, Langlais, Laparra, Tressy, Delfieu. »

Les parents et les compatriotes de Dutertre firent de nombreuses recherches et enquêtes pour éclaircir une question qui leur tenait à cœur ; ne connaissant pas tous les détails de l'affaire, ni le rôle joué par les différents acteurs du drame, ils purent difficilement démêler la vérité des renseignements contradictoires qui leur furent fournis.

Les pièces réunis ci-après et la critique qui en a été faite en toute impartialité montrerons que le sacrifice du capitaine Dutertre est indiscutable ; elles laisserons voir aussi comment certains historiens, s'appuyant sur des données incomplètes ont pu mettre en doute l'acte qu'on a appelé à juste titre le rugulus moderne.

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Commentaires
P
bonjour,<br /> <br /> l'acte de naissance de Dutertre est disponible sur le site des archives du Pas-deCalais. il ne porte pas les prénoms que vous lui donnez mais se prénomme BENOÎT LOUIS GASTON.<br /> <br /> lien direct sur son acte: http://archivesenligne.pasdecalais.fr/ark:/64297/fababa2c6c6a5f7690d338de425d99b5.<br /> <br /> cordialement
T
Pour chasser les idées qui m’assiègent quelquefois, je fais couper des têtes, non pas des têtes d’artichauts, mais bien des têtes d’hommes.( Lieutenant-colonel MONTAGNAC)<br /> <br /> à côté de ce gredin HITLER est un enfant de coeur
K
Nous en tant qu’Algériens, nous n'avons aucune compassion, ni à l'egart du capitaine Dutertre, ni à l'égart de Montagnac, tous les deux tués lors de cette bataille. il suffit juste de connaitre les massacres causés par les bataillons français depuis l'invasion en 1830. Montagnac était à l'origine des enfumades dans la région du dahra ou des milliers de personnes, femmes, enfants, vieux et même quelques troupeaux y laissèrent la vie, asphyxiés comme des rats. Aussi, la politique de la terre brulée pratiquée par dirigeants militaires à l'image du tortionnaire bugeaud a fait disparaitre des tribus entières. Les français n'auraient jamais s'imposer sur la terre des ancêtres de l’Émir Abdelkader sans l'assistance des zouaves et les harkis. Ces traitres ont vendu leur honneur e trompé leur patrie et maintenant vivent comme des chiens chez leurs maitres pas dans des villas ayant pignon sur rue mais dans niches pour canidés sans aucune personnalité.
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